Bangladesh : 32 morts dans des affrontements violents, Internet coupé et incendie à la télévision d’État

Mohamed Ali ben ahmed - journaliste

En 48 heures, les violences entre les forces de l’ordre et les étudiants qui protestaient contre les quotas d’embauche dans la fonction publique ont entraîné 32 décès, dont un journaliste.

Selon ce bilan, mis à jour jeudi, il a également été signalé que le siège de la Télévision d’État a été touché par le feu.

Après cette nouvelle journée de violences, l’accès à Internet a été quasiment totalement bloqué dans le pays, selon l’organisation de surveillance du réseau NetBlocks.

Des centaines de manifestants ont débordé la police antiémeutes, qui avait utilisé des balles en caoutchouc pour tenter de les disperser.

Les protestataires ont suivi les forces de l’ordre jusqu’au siège de la BTV à Dacca, la capitale, où ils ont brûlé l’entrée de la chaîne de télévision et des dizaines de véhicules stationnés à l’extérieur.

Un membre du personnel de BTV, qui préfère rester anonyme, a confirmé l’incendie à l’AFP.

Un responsable de la station a déclaré que les employés avaient pu évacuer le bâtiment en toute sécurité, mais que la diffusion de la chaîne avait été interrompue en raison de l’incendie.

Dans un discours télévisé, la Première ministre Sheikh Hasina a exprimé sa condamnation aux violences, promettant des sanctions à l’encontre des responsables, peu importe leur appartenance politique.

Mais ses mots n’ont pas réussi à apaiser la situation.

Lorsque la police a tenté de disperser à nouveau les manifestants avec des balles en caoutchouc et du gaz lacrymogène, la violence a encore augmenté.

Les hôpitaux de Dacca ont signalé que plus des deux tiers des décès étaient attribuables aux armes dites “non létales” utilisées par la police, principalement des balles en caoutchouc.

Des affrontements ont également éclaté dans d’autres villes du pays, où des barricades humaines ont été érigées sur les routes et autoroutes.

Le Bataillon d’action rapide a secouru 60 policiers bloqués sur le toit d’un campus universitaire à Dacca, tandis que les hôpitaux de la capitale ont accueilli des centaines de blessés.

Des décès supplémentaires ont été signalés dans d’autres villes comme Chittagong.

Les manifestants, principalement des étudiants, contestent le système de quotas qu’ils estiment favoriser les enfants des partisans de Sheikh Hasina, au pouvoir depuis 2009.

Mubashar Hasan, expert du Bangladesh à l’Université d’Oslo, a expliqué que ces manifestations reflètent un mécontentement généralisé contre le régime répressif de la Première ministre.

Le porte-parole de l’ONU, Stéphane Dujarric, a appelé toutes les parties à faire preuve de retenue et a encouragé le dialogue pour résoudre cette impasse.

NetBlocks a confirmé que le Bangladesh subit une coupure quasi totale d’Internet, suite à des tentatives de restreindre les médias sociaux et les services de données mobiles, des outils cruciaux pour les organisateurs de manifestations.

Le ministre adjoint des Télécommunications, Zunaid Ahmed Palak, a justifié cette coupure par la nécessité de prévenir “les rumeurs, les mensonges et la désinformation”.

Parallèlement à la répression policière, des affrontements ont également eu lieu entre les manifestants et les étudiants alliés à la Ligue Awami de la Première ministre.

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