Banques Françaises en Afrique : Pourquoi ce Désengagement Énorme et Qui Profite ?

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Les Banques Françaises se Retirent d’Afrique : Vers un Nouvel Équilibre Bancaire ?

Les grandes institutions bancaires françaises prennent leurs distances avec le continent africain, ouvrant la voie à de nouvelles perspectives pour les acteurs locaux. Mais quelles sont les motivations derrière ce retrait massif, et qui sont les nouveaux acteurs qui viennent redéfinir le paysage bancaire africain ?

Un Chapitre qui se Clôture

Après des décennies d’engagement, les banques françaises, reflet d’une longue histoire, commencent à réduire significativement leur empreinte en Afrique. La Société Générale, la dernière grande banque française à garder une forte présence sur le continent, a récemment annoncé la vente de plusieurs de ses filiales en Guinée, Côte d’Ivoire, Sénégal et Tunisie, avec un objectif fixé à 2025. Ce mouvement, lancé par son directeur général Slawomir Krupa, s’inscrit dans un désengagement observé chez d’autres banques comme BNP Paribas et le Crédit Agricole, qui ont déjà franchi le pas. Selon Fitch Ratings, cette tendance ne devrait pas s’inverser dans un avenir proche.

Rentabilité Insuffisante face à des Risques Élevés

Pourquoi cette vague de départs ? Les filiales africaines peinent à afficher des résultats rentables face à des risques importants. Par exemple, la Société Générale a enregistré un produit net bancaire (PNB) de 1,8 milliard d’euros en Afrique, représentant seulement 7 % de son chiffre d’affaires global, tandis que BNP Paribas a vu sa contribution limitée à seulement 1 %. Ces chiffres mettent en lumière les obstacles que rencontrent les banques sur le continent, tels que les impayés fréquents, les flux financiers illégaux, et les défis posés par une économie informelle prédominante. De plus, les régulations européennes plus strictes quant aux fonds propres ont incité ces banques à se tourner vers des marchés plus sûrs tels que l’Europe et l’Amérique du Nord.

Une Ouverture pour les Banques Africaines

Le désengagement des banques françaises crée un espace que les institutions africaines sont prêtes à exploiter. Des acteurs comme Vista Bank et Coris Bank s’emploient à acquérir les filiales libérées. Vista Bank, déjà présente dans 14 pays d’Afrique, aspire à étendre sa présence à 25 pays d’ici 2026. Ces nouvelles banques locales, agiles et mieux en phase avec les réalités du marché, se concentrent sur les PME et les PMI, secteurs souvent négligés par les banques internationales, et contribuent ainsi à la dynamique économique locale.

De plus, le groupe marocain Saham, sous la direction de Moulay Hafid Elalamy, a récemment établi un accord avec Société Générale pour reprendre la majorité de sa filiale marocaine, illustrant la tendance des cessions de participations au sein des grandes institutions.

Un Historique de Retraits en Tunisie

Le retrait s’accentue également en Tunisie, où BNP Paribas a déjà cédé sa participation dans l’UBCI en 2019. Peu après, le groupe BPCE a suivi en vendant sa filiale tunisienne au groupe ELLOUMI. La Société Générale, pour sa part, a lancé des réflexions stratégiques concernant sa filiale UIB, où elle détient 52,3 % des parts, en collaborant avec le cabinet de conseil Lazard pour explorer d’éventuelles cessions.

Les États Africains en Action

Certains pays, à l’instar du Sénégal, adoptent une démarche proactive face à ces changements. Le gouvernement sénégalais envisage l’acquisition de la filiale locale de la Société Générale pour un montant de 268 millions d’euros, une action visant à renforcer le soutien aux PME et aux projets d’infrastructure, traditionnellement sous-financés.

Les Banques Marocaines à la Pointe

Avant même que les banques françaises ne se retirent, les institutions marocaines, telles qu’Attijariwafa bank et Bank of Africa, se sont déjà positionnées sur le continent. Ces groupes, soutenus par une stratégie nationale orchestrée par le roi Mohammed VI, investissent massivement en Afrique subsaharienne, ciblant la classe moyenne ainsi que les petites entreprises.

Une Évolution Prometteuse à Portée de Main

La sortie des banques françaises du marché africain est un phénomène sans retour, mais cela ne signifie pas que l’Afrique va en pâtir. Les banques africaines et marocaines, grâce à une meilleure compréhension des marchés locaux et une volonté de prendre des risques calculés, sont bien placées pour redéfinir le secteur bancaire en plein essor sur le continent.

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