La Bourse de Tunis : Une plateforme en mutation face aux défis économiques
Dans un paysage économique national complexe, la Bourse de Tunis vise à jouer un rôle clé dans le soutien aux entreprises et la stabilité des marchés financiers. Cependant, plusieurs obstacles se dressent sur sa route, notamment la nécessité de moderniser ses pratiques réglementaires pour séduire les investisseurs.
Un bilan contrasté pour 2024
Lors d’un échange avec le Directeur Général de la Bourse de Tunis, M. Bilel Sahnoun, il a été révélé que l’année 2024 pourrait se résumer en une double réalité. Sur un plan positif, l’indice boursier a connu une hausse de 13,75 %. Ce chiffre, bien qu’impressionnant, prend tout son sens lorsqu’on le compare à l’inflation et aux taux d’intérêt du marché monétaire, qui sont considérés comme des concurrents directs en matière de rendement.
Cependant, un manque de nouveaux produits, de nouvelles levées de fonds et d’évolution réglementaire rend la dynamique du marché moins engageante. Malgré ces points négatifs, M. Sahnoun reste optimiste et souligne que la performance de 2024, dans l’ensemble, est une avancée significative par rapport aux années précédentes.
Un accès au financement à améliorer
M. Sahnoun met en avant que l’accès au financement via la Bourse est actuellement peu exploité. Par exemple, lors des récentes émissions d’emprunts nationaux, les acteurs du marché financier ont montré une demande solide. Cela prouve qu’il existe un intérêt réel pour le financement via le marché boursier lorsque les opportunités se présentent.
Il met également en lumière l’absence de transparence et un manque d’incitations fiscales pour motiver les entreprises à se tourner vers la Bourse. Le financement à travers le système bancaire reste une option plus accessible pour celles qui présentent de bonnes garanties de remboursement, rendant ainsi moins attractive l’idée de lever des fonds par les marchés financiers.
Un autre point de contention est une circulaire de la Banque centrale, datant de 2006, qui impose des règles de notation et de cotation. Malgré son existence, la non-application de cette circulaire freine l’élan vers une réglementation plus robuste qui pourrait dynamiser les marchés.
Des réformes nécessaires pour s’adapter
Il est indéniable que des critiques peuvent être adressées à la Bourse de Tunis elle-même. Son cadre réglementaire, profondément ancré dans les années 90, ne répond plus aux besoins d’un marché financier en pleine évolution. La stagnation réglementaire empêche le développement de nouveaux instruments financiers et l’attraction de nouveaux types d’investisseurs.
Face à ces défis, la Bourse travaille sur plusieurs initiatives, notamment l’épargne salariale et le reporting environnemental, social et de gouvernance (ESG). Des projets tels que les prêts et ventes à découvert sont à l’étude, avec un souci d’augmenter la liquidité sur le marché. Les propositions pour des produits indiciels pourraient également répondre à la demande d’investissements à risque modéré.
Le compartiment "S" : Une innovation prometteuse
Introduit en 2021, le "compartiment S" vise à attirer l’attention sur les entreprises dont la transparence est insuffisante. Ce section, qui classe des sociétés sous surveillance pour des raisons de divulgation, permet de signaler aux investisseurs que celles-ci présentent un risque accru, sans les pénaliser entièrement.
Les résultats sont déjà visibles, les entreprises commencent à mettre en place des efforts pour rectifier leur situation afin d’être réintégrées dans le marché principal.
Des projets en vue pour 2025
Pour l’année à venir, deux nouvelles introductions boursières sont déjà annoncées : BNA Assurance et TARAJI Holding. Le second cas, en particulier, est novateur, car il permet à une entité sportive de faire son entrée sur le marché boursier grâce à une structure de holding.
Concernant la digitalisation, la Bourse a initié des projets de grande envergure, comme la création d’un site internet moderne et d’un processus d’enregistrement 100% dématérialisé. Ces avancées visent à améliorer la communication avec les entreprises cotées et faciliter l’accès à l’information pour les étudiants et les chercheurs.
En somme, la Bourse de Tunis se projette vers une nouvelle étape d’évolution avec des projets ambitieux à l’horizon 2025, cherchant à renforcer sa position sur le marché financier tout en s’adaptant aux réalités contemporaines.
