Il y a un an, les deux généraux au pouvoir au Soudan se sont lancés dans un conflit armé. Depuis lors, les humanitaires et les experts dressent un tableau sombre de la situation : famine, déplacements forcés, violences sexuelles, tensions ethniques, et la liste des atrocités est longue, sans perspective d’une résolution.
Pour les Nations unies, le Soudan, déjà parmi les pays les plus pauvres du monde avant le début du conflit, traverse “l’une des pires catastrophes humanitaires, la plus grave crise de déplacement et bientôt la pire crise alimentaire mondiale”.
Depuis les premiers affrontements le 15 avril à Khartoum entre l’armée dirigée par le général Abdel Fattah al-Burhane et les Forces de soutien rapide (FSR) du général Mohammed Hamdane Daglo, des milliers de personnes ont perdu la vie – entre 10 000 et 15 000 dans une seule ville du Darfour selon l’ONU. Six millions et demi de personnes ont été déplacées de force et près de deux millions d’autres ont fui le pays.
Sur une population soudanaise de 48 millions d’habitants, 18 millions sont confrontés à une insécurité alimentaire aiguë, et des centaines de milliers de femmes et d’enfants risquent de mourir de faim. Les humanitaires se heurtent à de nombreux obstacles, notamment des refus de visas, des droits de douane exorbitants, des pillages et des lignes de front infranchissables.
Le secteur agricole, qui était autrefois le principal pourvoyeur d’emplois dans ce grenier à grain de l’Afrique, est désormais réduit en cendres. Les rares usines encore debout ont été bombardées, le système de santé est quasiment inexistant et l’État déclare avoir perdu 80% de son budget.
Les civils se retrouvent à présent entre les mains des “comités de résistance”, des groupes de quartier qui maintiennent des dispensaires et des soupes populaires grâce à l’aide de bénévoles et de donateurs de la diaspora.
Selon le chercheur Alex de Waal, “rien n’indique la fin du conflit” et “la reconstruction de l’État, qui s’est effondré, sera longue et difficile”.
Les déclarations de percées des deux camps ne trompent personne. “Avec des troupes faibles et épuisées en raison des difficultés d’approvisionnement, toute victoire est impossible”, affirme le journaliste Mohammed Latif à l’AFP.
Dans cette guérilla urbaine, ce sont les civils qui paient le plus lourd tribut : ceux qui n’ont pas été tués ou enlevés ont vu leurs maisons occupées par les FSR. Aujourd’hui, l’armée fait de même à Omdourman, la banlieue de Khartoum, qu’elle vient de reprendre aux paramilitaires, selon le comité des avocats d’urgence.
Des dizaines d’ONG et des collectifs comme le comité des avocats d’urgence recensent les exactions commises par les deux camps : des hommes abattus en raison de leur origine ethnique, des femmes victimes de “violences sexuelles utilisées comme arme de guerre” et des enfants enrôlés de force.
(AFP)
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