Le Fonds monétaire international (FMI) a récemment annoncé l’absence de nouvelles négociations de financement avec la Tunisie. Dans ce contexte, l’économiste et professeur universitaire Ridha Chkoundali a exprimé, lors d’une déclaration à Tunibusiness, que collaborer avec le FMI n’est pas tabou sur le plan économique et ne constitue pas une atteinte à la souveraineté nationale.
La collaboration avec le FMI : Une question de stratégie et de rentabilité
Ridha Chkoundali soutient que la coopération avec le FMI ne devrait pas être perçue comme un interdit économique.
Il souligne que, généralement, l’engagement avec des institutions internationales ou des pays pour des prêts extérieurs reflète la capacité d’un État à transformer ces emprunts en investissements rentables.
Un prêt devient rentable lorsqu’il génère une croissance économique supérieure à son coût, rendant ainsi le financement économiquement viable.
Il explique que les prêts des institutions internationales telles que le FMI et la Banque mondiale sont assortis de taux d’intérêt faibles. Ainsi, même une faible croissance peut rendre ces prêts rentables.
“Un prêt du FMI avec un taux d’intérêt de 1,5% à 2,5% peut être compensé par une croissance économique supérieure, ce qui le rend bénéfique pour l’économie tunisienne. En revanche, un prêt de la Banque africaine d’import-export avec un taux supérieur à 10% est difficilement compensable par une croissance équivalente, ce qui compromet sa rentabilité et affecte la souveraineté nationale.”
Un problème de vision et de négociation
Pour Chkoundali, l’atteinte à la souveraineté nationale ne réside pas dans le fait de traiter avec le FMI, mais plutôt dans la manière dont les négociations sont conduites par l’équipe tunisienne.
Cette dernière accepte souvent les politiques proposées sans véritable discussion, faute d’une vision claire, se focalisant uniquement sur le déblocage des tranches de prêt.
“Le FMI questionne d’abord la partie négociatrice sur sa vision. En l’absence de celle-ci, il propose ses politiques, et les équipes qui discutent avec le FMI ces dernières années acceptent ses conditions sans les contester”, explique l’économiste.
Contradictions entre discours politique et pratiques gouvernementales
Ridha Chkoundali souligne également une contradiction entre le discours politique du président, qui s’oppose à toute collaboration avec le FMI, et les actions du gouvernement qui semblent appliquer les politiques de l’institution.
“Le projet de loi de finances pour 2025, par exemple, fixe comme objectif principal la réduction de la masse salariale, une des recommandations du FMI. Nous remboursons nos dettes et notre balance commerciale s’améliore, ce qui correspond aux attentes du FMI.
Il est paradoxal de constater que, d’un côté, le discours politique refuse le FMI, tandis que, de l’autre, le gouvernement met en œuvre ses recommandations”, conclut Chkandali.