Décennie de défis : les projets de parcs de stationnement à étages à Tunis

Depuis 2015, le projet ambitieux de construction de cinq parcs de stationnement à étages dans la capitale tunisienne fait face à une série de défis administratifs et réglementaires, retardant ainsi sa réalisation.

Mohamed Ali ben ahmed - journaliste

Depuis 2015, le projet ambitieux de construction de cinq parcs de stationnement à étages dans la capitale tunisienne fait face à une série de défis administratifs et réglementaires, retardant ainsi sa réalisation.

Nasser Khlaifi, directeur de la circulation et du stationnement à la municipalité de Tunis, a partagé les difficultés rencontrées dans une interview avec l’Agence Tunis Afrique Presse (TAP).

Selon Khlaifi, la municipalité de Tunis n’a pas abandonné le projet, mais plusieurs obstacles, tant du côté des investisseurs privés que de la municipalité elle-même, ont entravé sa progression. Les parcs de stationnement prévus incluent ceux de Mokhtar Attia, Kasbah (à proximité de la mairie de Tunis), et Bab El Khadra (comprenant des espaces à Bab Al Assal et près du lycée secondaire).

Trois parcs de stationnement à étages ont déjà été réalisés via des appels d’offres pour des contrats de concession, offrant une capacité totale de 2350 places à Lafayette, rue Abdelaziz Chraibi (derrière le ministère de l’Intérieur) et rue Mokhtar Attia (Central Park). Cependant, le besoin de nouvelles infrastructures de stationnement reste crucial en raison de l’urbanisation rapide et de l’augmentation du nombre de véhicules.

Depuis 2015, le manque d’intérêt des investisseurs privés est principalement attribué aux coûts élevés nécessaires pour construire et exploiter ces infrastructures, estimés à 30 millions de dinars en 2019. Khlaifi a expliqué que l’investissement dans ces projets comporte de grands risques en raison de l’incertitude économique, de l’inflation et des coûts croissants de la main-d’œuvre.

Les faibles revenus générés par les frais de stationnement, en raison du pouvoir d’achat limité des citoyens et de l’absence de révision annuelle des tarifs, constituent également un frein pour les investisseurs. Bien que des incitations telles que la possibilité de proposer des durées de concession basées sur des études de faisabilité économique et l’autorisation de construire des commerces aux niveaux inférieurs aient été offertes, le désintérêt persiste.

En 2022, certaines entreprises avaient manifesté leur volonté de négocier directement pour un projet de concession, mais elles se sont finalement retirées.

Pour la municipalité de Tunis, la rentabilité des parcs de stationnement publics est avant tout technique et sociale, servant en tant qu’infrastructure publique essentielle. Khlaifi a souligné que le problème du stationnement est intrinsèquement lié à la mobilité urbaine, et qu’une amélioration des transports en commun est nécessaire pour résoudre cette problématique.

La municipalité fait également face à un manque d’agents de contrôle pour surveiller les infractions de stationnement, une situation exacerbée par un décret de 2012 qui a intégré les agents de contrôle des règlements municipaux dans les forces de sécurité nationale, réduisant ainsi l’effectif disponible pour ces tâches.

Khlaifi conclut que, dans le contexte économique actuel, conclure des contrats pour la construction de parcs de stationnement imposerait des conditions sévères et inéquitables à la municipalité de Tunis, nécessitant des concessions qui pourraient ne pas servir l’intérêt public.

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