La dixième chambre d’accusation de la Cour d’appel de Tunis a décidé ce mercredi 19 juin 2024 de renvoyer plusieurs dirigeants du mouvement Ennahdha devant la chambre criminelle du tribunal de première instance de Tunis.
Ces dirigeants seront jugés pour des accusations de complot contre la sûreté intérieure de l’État, de changement de la structure de l’État et d’incitation à la violence, conformément aux articles 68 et 72 du Code pénal.
Selon Habib Tarkhani, porte-parole de la Cour d’appel de Tunis, les accusés renvoyés sont Rached Ghannouchi, Youssef Nouri, Ahmed Mechergui, Rafik Bouchlaka, Maher Zid, Mohamed Saamti, Mokdad Majeri, Belkacem Hassan, Mohamed Goumani, Abdallah Sekhiri, Mouafak Kaabi et Mohamed Chenina.
L’affaire concerne une réunion du Front du Salut organisée pendant le mois de Ramadan de l’année dernière.
Rached Ghannouchi, président du mouvement Ennahdha, fait face à une peine de trois ans de prison pour avoir reçu des financements étrangers, selon un jugement rendu par la Cour d’appel tunisienne en mai dernier.
Ce jugement concerne également son gendre Rafik Abdessalem dans une affaire de “lobbying”, où le tribunal a confirmé le verdict initial rendu contre eux le 19 février dernier.
Ghannouchi, 82 ans, avait été arrêté le 17 avril 2023 pour avoir menacé de déclencher une “guerre civile” en cas d’éradication des partis de gauche ou islamistes comme le sien.
De plus, il avait été condamné le 15 mai 2023 à un an de prison pour “apologie du terrorisme”, une peine alourdie à 15 mois lors de l’appel en octobre.
Outre les peines de prison, le tribunal a ordonné au Parti Ennahdha de payer une amende de 1 170 470 dollars.
Ghannouchi est une figure de proue qui a dirigé son parti et occupé divers postes dans les gouvernements après la révolution tunisienne de 2011 qui a renversé le régime de Zine el-Abidine Ben Ali.
Sur le plan juridique, environ 40 personnes, dont des opposants, des hommes d’affaires et des activistes politiques, sont toujours détenues depuis février 2024 pour des accusations de “complot contre la sécurité intérieure et extérieure de l’État”, selon les accusations du président tunisien Kais Saïed.