Au cours des dernières années, les relations entre la Tunisie et le Maroc n’ont pas connu de progrès significatif en matière de coopération économique ni d’augmentation des échanges commerciaux.
La situation est restée inchangée, notamment après que la Tunisie a accueilli Ibrahim Ghali, le chef du Front Polisario, par le président tunisien Kaïs Saïed.
Ce geste a suscité le mécontentement du Maroc, entraînant une rupture diplomatique entre les deux pays, tandis que les relations économiques entre la Tunisie et l’Algérie, qui soutient le Front Polisario dans le conflit du Sahara occidental, se sont renforcées.
Un Échange Commercial en Demi-teinte
Historiquement, le Maroc est le troisième partenaire économique et arabe de la Tunisie.
Un accord de libre-échange a été signé entre les deux pays le 16 mars 1999, prévoyant le démantèlement partiel ou total des droits de douane et des taxes à effet équivalent sur les produits échangés, avec une période transitoire s’achevant le 31 décembre 2007.
En 2021, les données marocaines indiquaient que les importations du Maroc en provenance de la Tunisie s’élevaient à environ 215,7 millions de dollars, contre des exportations d’environ 123 millions de dollars.
Les dattes représentent l’une des principales importations du Maroc depuis la Tunisie. En 2019, le Maroc a importé environ 33 000 tonnes de dattes tunisiennes, avant de voir ces importations diminuer à environ 20 000 tonnes en 2021, tout en restant le principal importateur de dattes tunisiennes.
Les Défis et les Opportunités
Malgré la signature de l’accord d’Agadir pour la création d’une zone de libre-échange entre le Maroc, la Tunisie, la Jordanie et l’Égypte, le Maroc reste le principal importateur de produits tunisiens parmi les pays maghrébins.
Les exportations marocaines vers la Tunisie couvrent environ 50 % des importations du royaume depuis ce pays, et la Tunisie a largement bénéficié de cet accord de libre-échange.
Cependant, le Maroc a appliqué des droits supplémentaires sur certains produits étrangers pour protéger son marché local, y compris des droits supplémentaires sur les cahiers tunisiens, provoquant une crise avec le pays voisin.
La Tunisie a saisi l’Organisation mondiale du commerce (OMC) suite à l’imposition par le Maroc de droits antidumping en mai 2018 sur les cahiers tunisiens, prolongés jusqu’en janvier 2024.
Les Dernières Nouvelles des Accords
Depuis plus de cinq ans, aucune nouvelle session du Comité conjoint de haut niveau maroco-tunisien n’a eu lieu.
En juillet 2017, Rabat a accueilli la 19e session du Comité conjoint, dirigée par le Premier ministre marocain de l’époque, Saadeddine Othmani, et son homologue tunisien, Youssef Chahed.
Lors de cette rencontre, dix accords ont été signés, couvrant divers domaines de coopération.
Un Contexte de Concurrence Économique
Les relations entre le Maroc et la Tunisie sont historiques, tant sur le plan politique qu’économique, remontant au début du Xe siècle.
Les deux pays rivalisent dans plusieurs secteurs économiques, notamment la production de phosphates. Alors que la production de phosphates en Tunisie a diminué, le Maroc reste le principal exportateur de cette ressource.
Les deux pays cherchent également à attirer davantage d’investissements étrangers, influencés par leurs relations commerciales avec la France et l’Union européenne.
Une crise a éclaté entre les deux nations le 26 août 2022 , lorsque le président tunisien Kaïs Saïed a reçu le chef du Polisario, Ibrahim Ghali, lors du sommet TICAD 8.
En réaction, le Maroc a rappelé son ambassadeur à Tunis pour consultation, qualifiant l’événement de “grave et sans précédent”.
La Tunisie a répondu en rappelant également son ambassadeur au Maroc.
La proposition marocaine d’une autonomie élargie pour le Sahara sous sa souveraineté contraste avec l’appel du Polisario à un référendum d’autodétermination, soutenu par l’Algérie.