Explosion des Prix des Moutons : Les Tunisiens Face à un Dilemme pour l’Aïd al-Adha

Naziha Nasri
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À l’approche de l’Aïd al-Adha, les marchés de bétail et de moutons connaissent une intense activité dans l’ensemble des pays arabes et musulmans, y compris en Tunisie où les points de vente se multiplient dans les villes et quartiers. Cependant, cette année, les prix des moutons ont grimpé en flèche, rendant l’achat d’une bête de sacrifice inaccessible pour de nombreux citoyens.

Une Hausse Vertigineuse des Prix

Les consommateurs tunisiens se montrent unanimes : les prix des moutons sont exorbitants cette année. À Hammamet, les citoyens rapportent que le prix d’un mouton de petite taille, pesant environ 15 kg, atteint désormais 850 à 900 dinars, soit une augmentation de 200 à 400 dinars par rapport à l’année précédente. Cette flambée des prix met à rude épreuve le pouvoir d’achat des Tunisiens, qui envisagent soit de boycotter l’achat soit de s’endetter pour pouvoir célébrer l’Aïd al-Adha.

Les Raisons de la Cherté

Les éleveurs et vendeurs présents sur les points de vente de Hammamet expliquent que la demande est très faible. Certains affirment n’avoir vendu aucune bête malgré leur présence sur le marché depuis plus d’une semaine. Les prix, selon eux, n’ont pas augmenté de manière significative, avec une hausse ne dépassant pas 50 dinars. Ils justifient les prix actuels, oscillant entre 850 et 1800 dinars, par le coût élevé de la production, notamment des aliments pour bétail, et le manque de soutien de l’État.

L’Impact sur les Éleveurs

Selon Faraj Ben Hussein, un éleveur expérimenté, de nombreux petits éleveurs ont abandonné leurs troupeaux en raison de la cherté et de la rareté des ressources, combinées à l’absence de prêts bancaires. Ces éleveurs se tournent vers des institutions de microfinance, qui imposent des taux d’intérêt très élevés, aggravant ainsi leur situation financière.

Les Assurances du Ministère de l’Agriculture

Salwa Dhawadi, responsable à la Direction générale de la production agricole, a assuré la disponibilité de 1,012 million de têtes de moutons pour un besoin estimé à 900 000 têtes. Le ministère a coordonné avec les gouverneurs pour mettre en place des espaces de vente sécurisés et organisés afin de réguler les prix et de lutter contre les pratiques illicites, telles que le vol et l’installation anarchique.

L’Intervention de la Société des Viandes

Depuis le 8 juin 2024, la Société des Viandes a commencé la vente des moutons à un prix de 21,900 dinars par kilogramme vivant, en accord avec les autorités compétentes. Cependant, la demande a rapidement dépassé l’offre, laissant de nombreux citoyens sans mouton malgré leur arrivée matinale sur les lieux de vente.

Face à cette situation tendue, les consommateurs se tournent vers les marchés traditionnels, espérant trouver des moutons à des prix plus abordables. La question reste ouverte : comment les Tunisiens pourront-ils célébrer l’Aïd al-Adha cette année sans compromettre leur stabilité financière ?

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