Le mois d’avril a été marqué par une augmentation significative des mouvements de protestation en Tunisie, avec une hausse d’environ 9 %. 195 mouvements ont été enregistrés par rapport à 179 le mois précédent.
Les revendications liées à l’emploi sont restées au premier plan, notamment la régularisation de la situation des enseignants suppléants et le paiement de leurs arriérés, ainsi que la protection des droits des employés et des travailleurs. De nouvelles problématiques sont apparues, telles que la pénurie d’eau potable et la crise de sécheresse qui ont eu un impact négatif sur le secteur agricole.
Dans un contexte similaire, à l’approche de la fin de l’année scolaire, les parents et les élèves ont exprimé leur préoccupation pour garantir la présence d’enseignants et de professeurs, ainsi que pour assurer un transport régulier pour leurs enfants afin de garantir la continuité de leur éducation. Cela intervient dans un contexte de conditions de vie difficiles, avec des difficultés d’accès aux services de santé, de transport et d’éducation. Les manifestants expriment leur colère et demandent l’amélioration des infrastructures et la résolution des problèmes environnementaux, un défi que les autorités gouvernementales considèrent comme nécessitant une attention immédiate.
Les statistiques indiquent que la région de Kef continue de mener les mouvements sociaux pour le quatrième mois consécutif, avec 58 mouvements sociaux enregistrés, principalement liés au droit du travail. Elle est suivie par le gouvernorat de Tunis avec 39 mouvements, le gouvernorat de Nabeul avec 19 mouvements, le gouvernorat de Kairouan avec 14 mouvements, tandis que le gouvernorat de Jendouba a enregistré 12 mouvements, la plupart étant des revendications des agriculteurs pour l’approvisionnement en eau d’irrigation.
Les acteurs sociaux ont privilégié les sit-in comme forme principale de protestation pendant le mois d’avril, avec 72 mouvements sur les 195 enregistrés ce mois-là. Cela indique un sentiment de frustration et une longue attente parmi les manifestants. La plupart de ces sit-in ont eu lieu sur les lieux de travail, et la plupart étaient une continuation des mouvements des mois précédents, comme le sit-in des demandeurs d’emploi à Gafsa.
Au cours du mois d’avril, la Tunisie a vu les acteurs sociaux adopter diverses méthodes pour exprimer leur colère, avec 39 manifestations recensées dans le cadre de ces efforts. Il semble que les Tunisiens et Tunisiennes se tournent progressivement vers l’adoption de moyens indirects pour exprimer leurs demandes, avec une diversité de formes de protestation dans 42 cas, notamment la présentation de pétitions, la publication de déclarations de condamnation et des appels à l’aide via les médias et les plateformes de médias sociaux.
Les formes de protestation ont été diversifiées entre l’activisme sur le terrain et numérique, les lieux de travail occupant une place centrale dans les manifestations, suivis par les médias, que ce soit à travers les plaintes reçues sur différentes plateformes ou les appels à l’aide demandant l’intervention des autorités. Les acteurs sociaux semblent chercher à créer de nouveaux espaces pour manifester et exprimer leur mécontentement face à la situation.
Comme les mois précédents, les manifestations organisées ont continué de dominer la scène, représentant 83 % de l’ensemble des mouvements sociaux enregistrés en avril. La plupart de ces actions étaient préalablement coordonnées, avec de nombreuses annonces quelques temps avant leur mise en œuvre.
On remarque une participation étendue tant masculine que féminine dans ces mouvements, la majorité étant mixtes, avec 133 actions de ce type, soit près des trois quarts des mouvements enregistrés ce mois-ci. Environ 59 actions ont été menées uniquement par des hommes, contre seulement trois actions féminines, qui portaient sur la condamnation de la violence contre les femmes.