La dette publique tunisienne grimpe à 80 % du PIB : Quels impacts pour l’économie ?

Le Rôle Croissant des Banques Locales dans le Financement de la Dette Publique

Une Dépendance Accrue aux Financements Internes

Face à un accès limité aux financements internationaux, le système bancaire national se voit désormais au cœur du financement de la dette publique. Selon le dernier rapport de la Banque mondiale, intitulé "Équité et efficacité du système fiscal tunisien", la dette intérieure a connu une forte hausse, passant de 24,7 milliards de dinars en 2019 à 66,4 milliards en août 2024. Cette évolution souligne l’importance croissante des ressources financières locales dans un contexte de dette publique croissante.

Augmentation de la Dette Publique

Entre 2019 et 2024, la dette publique tunisienne a bondi de 67,8 % à 80,2 % du PIB. Ce phénomène résulte principalement d’une augmentation des dépenses publiques couplée à un ralentissement économique. Conséquemment, le recours aux financements internes s’est intensifié, entraînant la part de la dette intérieure dans la dette globale à grimper de 29,7 % à 51,7 % au cours de la même période. La Banque mondiale souligne que ce recours au financement intérieur a entraîné un besoin élevé de refinancement pour les banques locales de la part de la Banque centrale.

Impact sur le Financement Économique

Le rapport de la Banque mondiale met également en lumière l’impact de l’utilisation accrue des ressources domestiques sur le financement de l’économie. Les opérations de refinancement injectent des liquidités dans le système bancaire, mais cette orientation des fonds vers les prêts publics est susceptible d’évincer les crédits destinés à d’autres secteurs économiques. Entre mai 2022 et mai 2024, l’exposition des banques à l’État a enregistré une hausse annuelle de 30 %, portant la part du gouvernement central à 25 % des créances totales des banques, en hausse par rapport à la moyenne de 14,4 % en 2015.

Le Cas des Entreprises Publiques

Ce phénomène est exacerbé par l’exposition accrue des banques aux entreprises publiques. Par exemple, la BNA (Banque Nationale Agricole) a triplé ses crédits accordés à l’Office des Céréales entre 2019 et 2024, cet office représentant aujourd’hui près d’un tiers des crédits accordés par la BNA. Un tel contexte, caractérisé par une croissance limitée des crédits, a engendré une réduction du financement de l’économie, chiffrée à un taux annuel de 3,8 % entre juin 2022 et mai 2024.

Perspectives d’Amélioration

Pour remédier à ces enjeux, le rapport souligne l’importance d’appliquer certaines des mesures du plan d’urgence du gouvernement de 2022, comme l’utilisation des actifs mobiliers en tant que garanties. Une telle initiative pourrait être cruciale pour faciliter l’accès au crédit et dynamiser l’économie locale.

Omar El Oudi

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