En Tunisie, la violence envers les enfants demeure un problème préoccupant, souvent perçue comme une méthode de discipline ou d’éducation. Les données récentes soulignent la gravité de la situation. Selon la Direction générale de la Garde nationale, 80 % des signalements de violence domestique enregistrés au cours des trois dernières années concernaient des enfants. Par ailleurs, l’Institut national de la statistique rapporte qu’en 2023, huit enfants sur dix ont subi une forme de maltraitance, qu’elle soit physique ou psychologique, infligée par leurs parents ou leurs éducateurs.
Ce recours à la violence comme outil éducatif, souvent justifié par une croyance en son efficacité pour « remettre l’enfant sur le bon chemin », conduit à des conséquences dramatiques tant pour les individus que pour la société, comme l’explique la sociologue Latifa Tajouri dans une interview accordée à Tunibusiness.
La violence éducative : un héritage culturel profondément ancré
Selon Latifa Tajouri, la violence dans la société tunisienne ne se limite pas à des comportements individuels, mais fait partie d’un héritage culturel et social, ancré dans les relations familiales et sociales.
« Les relations au sein de la famille, comme à l’extérieur, sont imprégnées de violence. Notre modèle social repose sur un rapport de domination, ce qui nourrit des pratiques violentes, surtout à l’égard des plus vulnérables, comme les enfants », souligne-t-elle.
Cette violence éducative est largement perçue comme légitime, renforcée par la logique du pouvoir parental, où l’autorité est souvent imposée sans discussion.
Cette dynamique se manifeste dans des expressions courantes de la société, telles que : « On a été élevés avec des punitions et on est devenus des hommes » ou encore « On a été élevés avec des coups et on est devenus intelligents ».
Selon Latifa Tajouri, la violence dans la société tunisienne ne se limite pas à des comportements individuels, mais fait partie d’un héritage culturel et social, ancré dans les relations familiales et sociales.
« Les relations au sein de la famille, comme à l’extérieur, sont imprégnées de violence. Notre modèle social repose sur un rapport de domination, ce qui nourrit des pratiques violentes, surtout à l’égard des plus vulnérables, comme les enfants », souligne-t-elle.
Cette violence éducative est largement perçue comme légitime, renforcée par la logique du pouvoir parental, où l’autorité est souvent imposée sans discussion.
Cette dynamique se manifeste dans des expressions courantes de la société, telles que : « On a été élevés avec des punitions et on est devenus des hommes » ou encore « On a été élevés avec des coups et on est devenus intelligents ».
Selon Tajouri, ces réflexions montrent que la violence est intériorisée comme une méthode de socialisation légitime.
Dans le contexte tunisien, l’exercice de l’autorité parentale dépasse souvent la simple nécessité de guider l’enfant. Il s’agit d’une volonté de maintenir un statut de pouvoir indiscutable au sein de la famille.
L’obéissance et le respect des limites imposées par les parents sont considérés comme des valeurs primordiales.
Ainsi, les parents répondent fréquemment aux questions de leurs enfants par des déclarations autoritaires : « Fais ce que je te dis parce que je suis ton père/ta mère », afin de maintenir un contrôle total.
Pour Tajouri, cette attitude est symptomatique d’une vision du rôle parental comme celui de régisseur de la vie de l’enfant, souvent au détriment de sa liberté et de son développement personnel.
« Nous continuons de traiter l’enfant comme un être inférieur, un mineur incapable de penser par lui-même », explique la sociologue.
Cette logique de tutelle parentale influe jusqu’au parcours scolaire de l’enfant, où l’opinion des parents pèse souvent plus que celle des enseignants.
Les conséquences de la violence éducative
Les effets à long terme de cette violence éducative sur les enfants sont multiples et souvent dévastateurs. Selon Latifa Tajouri, l’éducation par la violence engendre des individus incapables de prendre des initiatives ou de développer leur propre sens des responsabilités.
Les enfants élevés dans un climat de peur et de soumission sont souvent plus susceptibles de rejoindre des groupes marginaux, où ils trouvent une reconnaissance qui leur fait défaut au sein de la famille.
En outre, ces enfants risquent de devenir des adultes insensibles à la notion de citoyenneté et à l’importance de la responsabilité sociale.
« La violence éducative produit des individus déconnectés de la société, incapables d’apporter une contribution significative à l’économie ou au progrès social », avertit Tajouri.
Elle souligne que la véritable fonction des parents devrait être d’accompagner leurs enfants dans la réalisation de leurs propres ambitions, de leur inculquer confiance en eux et de leur permettre de participer activement aux décisions familiales, même sur des sujets aussi simples que le choix des repas.
Les enfants ne doivent pas être considérés comme de simples réceptacles d’ambitions parentales non réalisées. Au contraire, ils doivent être encouragés à développer leur propre identité, à faire leurs choix et à apprendre de leurs erreurs, le tout dans un cadre bienveillant.
Une telle approche permettrait non seulement de protéger l’enfant contre les ravages psychologiques de la violence éducative, mais aussi de préparer une génération plus responsable, plus équilibrée et plus en phase avec les exigences de la société.