L’Asie du Sud-Est ajuste ses stratégies à la “nouvelle normalité” en matière de croissance économique

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Durant les dernières années, l’Asie du Sud-Est s’est établie comme la zone la plus vibrante du globe en termes de croissance économique, se distinguant comme leader. Les six principales nations composant l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ANASE-6) – à savoir l’Indonésie, la Thaïlande, Singapour, la Malaisie, le Viêtnam et les Philippines – ont vu leurs économies s’épanouir à un rythme remarquable récemment.

Avec le déclin de l’épidémie de Covid, ces pays espéraient renouer avec les niveaux de croissance élevés observés les années antérieures. Toutefois, les attentes pour 2023 n’ont pas été à la hauteur, et en 2024, le groupe de l’ANASE-6 prévoit de poursuivre sur une trajectoire de croissance moins vigoureuse que celle notée avant la crise sanitaire.

Comparaison de la croissance du PIB avant la pandémie et pour 2024

(Taux de croissance annuel du PIB en pourcentage)

Source: Bloomberg, FMI, QNB Economics

Ce texte explore deux éléments principaux préjudiciables à la progression des économies de l’ANASE-6 en 2024.

Le premier aspect concerne la faible demande internationale cette année, diminuant ainsi le soutien à l’expansion économique des six pays de l’ANASE fortement intégrés sur le plan international. Le commerce global joue un rôle crucial dans l’essor de ces économies. Par exemple, les exportations comptent pour 20 à 30 % du PIB de l’Indonésie et des Philippines, entre 65 et 95 % pour la Thaïlande, la Malaisie et le Viêt Nam, et atteignent jusqu’à 180 % pour Singapour. Cette année a vu une mouvance décevante dans le commerce mondial, avec des prévisions initiales indiquant une baisse légère. Seules deux autres périodes au cours des 40 dernières années, 2009 suite à la crise financière mondiale, et en 2020 en raison de la pandémie de Covid, ont été témoins d’une contraction des échanges mondiaux.

On anticipe une modeste amélioration cette année, avec une prévision d’augmentation du commerce mondial d’approximativement 2,8 %, stimulée par un redémarrage de la production industrielle mondiale. Toutefois, cette amélioration demeure insuffisante par rapport à la moyenne long-terme de 4,6 % entre 2000 et 2022. La faiblesse du commerce global constitue donc un obstacle majeur pour la reprise économique de l’ANASE-6 à ses niveaux antérieurs à la pandémie.

Le second facteur est le resserrement monétaire manifesté par une augmentation des taux d’intérêt dans les principales économies développées et au sein des pays de l’ANASE-6, rendant le climat économique global plus ardu. Les économies avancées ont expérimenté des niveaux bas historiques de taux d’intérêt. Depuis mi-2022, la Réserve fédérale américaine et la Banque centrale européenne ont relevé leurs taux directeurs de 525 et 400 points de base respectivement. Bien que ces banques centrales majeures approchent de la fin de leur cycle de durcissement et discutent du calendrier de diminution des taux, cette transition s’annonce graduelle, avec des taux directeurs qui devraient demeurer plus élevés que dans les cycles économiques passés.

Taux d’intérêt directeurs moyens au sein de l’ANASE-6

(%, taux directeurs des banques centrales, moyenne simple)

Source: Banques centrales de l’ANASE, Haver, QNB Economics

De leur côté, les banques centrales des pays de l’ANASE-6 ont engagé des cycles de resserrement monétaire pour contrôler la hausse des prix. La hausse moyenne des taux d’intérêt directeurs a atteint 240 points de base, surpassant les niveaux pré-pandémiques. On s’attend à un pivot dans la politique monétaire de ces banques centrales vers le milieu de l’année, face à un ralentissement économique et à la continuation de la baisse de l’inflation. Cependant, avec des taux d’intérêt toujours élevés et l’effet différé de la politique monétaire, ces conditions continueront d’impacter négativement l’activité économique durant les trimestres à venir.

En définitive, bien que la croissance de l’ANASE-6 demeure significative par rapport aux normes mondiales, elle ne parvient pas à égaler ses performances pré-pandémiques en raison d’une faible demande internationale et du resserrement des conditions financières, tant au niveau national qu’international.

D’après communiqué

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