Le Maroc, géant mondial du phosphate, capte l’attention du Sénégal. Fort de son expertise centenaire dans l’extraction et la transformation des phosphates, le royaume chérifien s’est imposé comme un acteur incontournable sur la scène internationale.
Le groupe OCP, fleuron de l’industrie marocaine, domine le marché mondial des engrais phosphatés grâce à une stratégie alliant innovation technologique, recherche scientifique et développement durable.
Des sites comme la mine de Khouribga et les installations ultramodernes de Jorf Lasfar, en passant par l’Université Mohammed VI Polytechnique, illustrent l’écosystème industriel et académique unique du Maroc, attirant investisseurs et partenaires du monde entier.
Une délégation sénégalaise en immersion au Maroc
Désireux de valoriser ses propres ressources en phosphates, le Sénégal se tourne vers l’expertise marocaine. Une délégation sénégalaise de haut niveau, menée par Serigne Gueye Diop, ministre de l’Industrie et du Commerce, a récemment effectué un voyage d’étude au Maroc.
Cette mission a permis aux responsables sénégalais de découvrir les rouages d’une filière performante et intégrée.
La visite a couvert l’ensemble de la chaîne de valeur : de l’extraction minière à Khouribga jusqu’à la production d’engrais à Jorf Lasfar, en passant par la formation et la recherche à l’Université Mohammed VI Polytechnique.
Pour le ministre sénégalais, cette immersion a été révélatrice : « Nous sommes assis sur une mine d’or inexploitée », a-t-il déclaré.
Un programme de collaboration ambitieux
Le gouvernement sénégalais entend capitaliser sur cette expérience pour développer sa propre industrie phosphatière.
Un programme de collaboration avec le groupe OCP est envisagé pour évaluer le potentiel des gisements de Matam, région située au nord-est du pays.
L’objectif est ambitieux : créer une zone industrielle dédiée et des usines de production d’engrais. Le Sénégal vise l’autosuffisance en engrais d’ici deux ans, un défi de taille nécessitant la mobilisation de ressources importantes et une volonté politique forte.
Mohamed Anouar Jamali, PDG d’OCP Africa, a salué cette initiative qui « marque une nouvelle étape dans les relations d’excellence entre le Maroc et le Sénégal ».
Vers un modèle de développement local inspiré
Au-delà des aspects purement industriels, le Sénégal voit dans le développement de sa filière phosphatière un levier de transformation socio-économique.
Le ministre Serigne Gueye Diop a esquissé une vision ambitieuse pour la région de Matam : « Matam doit devenir un poumon économique grâce à une meilleure exploitation et la transformation locale du phosphate en engrais phosphatés, afin d’améliorer les rendements agricoles et lutter contre l’exode rural ».
Cette approche holistique vise à créer une véritable chaîne de valeur autour du phosphate, impliquant les populations locales à chaque étape.
De l’extraction à la commercialisation, en passant par la transformation et la recherche, le Sénégal ambitionne de construire un écosystème complet, à l’image de ce qu’a réalisé le Maroc.
Source : La Nouvelle Tribune
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