Depuis l’escalade du conflit entre la Russie et l’Ukraine à la fin de février 2022, l’euro (EUR) a subi des fluctuations notables, exacerbées par les inquiétudes croissantes concernant l’état de l’économie de l’Union européenne dans son ensemble. Initialement, l’approfondissement du conflit et les incertitudes autour de la sécurité énergétique européenne ont conduit à une dévaluation significative de l’euro face au dollar américain, l’euro tombant même sous le seuil de parité avec le dollar. Néanmoins, vers la fin de l’année 2022, après que les tensions dans l’est de l’Europe ont été maîtrisées et que l’UE a réussi à esquiver les pires effets d’une crise énergétique, l’euro a réussi à regagner une grande partie des pertes enregistrées précédemment, montrant par la suite une volatilité modérée sans direction claire.
EUR:USD
(Taux de Change, 2022-2024)
Source: Haver, analyse de QNB
Le débat est ouvert parmi les investisseurs et les analystes quant à savoir si la paire de devises principale qu’est l’EUR:USD s’affranchira de sa fourchette actuelle (EUR:USD 1,05-1,12) vers une appréciation ou une dépréciation de l’euro. Cependant, les prévisions pour l’économie de la zone euro demeurent plutôt pessimistes. Malgré le fait que l’UE a évité la récession ces derniers temps, l’optimisme concernant sa croissance futur reste tempéré. Les 450 points de base d’augmentation des taux par la Banque Centrale Européenne (BCE) depuis juillet 2022 n’ont pas encore pleinement impacté l’économie, influençant négativement les décisions d’investissement et de consommation. De plus, le retrait progressif des programmes de soutien d’urgence aux ménages et entreprises, après plus d’une année d’aides face à la montée des prix de l’énergie et des denrées alimentaires, pèse sur les perspectives de croissance et donc sur l’euro, celui-ci étant influencé par les anticipations de croissance et les différences de taux d’intérêt réels.
Pourtant, les perspectives de dépréciation de l’euro en 2024 semblent limitées, avec même des chances d’appréciation dans les trimestres à venir. Deux facteurs soutiennent cette vision.
Indice de Surprise Économique de Citi
(Points d’Indice, 2021-2024)
Sources: Bloomberg,analyse de QNB
Premièrement, les projections de croissance entre les États-Unis et la zone euro suggèrent un avantage pour cette dernière dans les mois à venir, après une période extendue de surperformance américaine. Les données économiques récentes de la zone euro commencent à surprendre positivement suite à une longue série de nouvelles défavorables, comme l’indique l’évolution de l’indice de surprise économique de Citi. Ces surprises positives deviennent plus fréquentes dans la zone euro comparativement aux États-Unis, indiquant un resserrement de l’écart de croissance entre les deux économies, ce qui est de bon augure pour l’euro.
Deuxièmement, un ralentissement de l’inflation dans la zone euro et les États-Unis pourrait conduire à un ajustement des différentiels de taux d’intérêt en faveur de l’euro. Alors que la Federal Reserve américaine envisage une réduction des taux plus agressive en 2024 que la BCE, avec une baisse prévue de 100 points de base contre seulement 75 pour la BCE même si l’inflation ralentit plus rapidement en Europe. Cela devrait réduire la différence entre les taux d’intérêt américains et ceux de la zone euro, passant de 150 à 125 points de base, ce qui favorise l’euro en attirant davantage de capitaux vers la zone euro plutôt que vers les États-Unis.
Globalement, une révision des prévisions de croissance relative et des différentiels de taux devrait soutenir l’euro face au dollar, ce qui limiterait sa chute et pourrait ramener la devise dans le haut de sa fourchette récente avec un taux attendu entre EUR:USD 1,10 et 1,15.
Selon un communiqué.