Au cours des dernières années, le taux de la dette publique a grimpé à 80 % du produit intérieur brut (PIB), ce que plusieurs experts considèrent comme une menace sérieuse pour l’économie nationale. Ce qui est particulièrement préoccupant, c’est que cette dette croissante est utilisée pour rembourser d’autres dettes au lieu d’être investie dans des projets de développement.
Une dette pour payer une autre : Un cercle vicieux
La chercheuse en affaires économiques, Kholoud Toumi, a déclaré au site “TuniBusiness” que l’endettement extérieur et intérieur de l’État tunisien pour couvrir les dépenses courantes a des effets délétères sur l’économie nationale.
Elle souligne que les banques, censées financer les citoyens et les investissements, ne peuvent pas continuer à financer l’État indéfiniment. Elle a insisté sur le fait que le recours de l’État à la Banque centrale pour des financements directs est une approche catastrophique.
Cette stratégie, selon elle, signifie que la masse monétaire sera beaucoup plus importante que la taille réelle de l’économie, ce qui impactera inévitablement les prix, la valeur du dinar et la balance commerciale, nuisant ainsi à l’économie nationale.
Toumi a ajouté que si cette approche est encadrée, elle pourrait être soutenable, mais si elle est anarchique, elle pourrait avoir des conséquences graves. “Le défaut de paiement des dettes est mieux que la sollicitation de la Banque centrale pour des financements directs”, a-t-elle affirmé.
L’Inflation : Une menace croissante
Toumi considère l’inflation comme un “cancer” et avertit que les politiques de rafistolage mèneront à une explosion que l’État sera incapable de maîtriser. Elle appelle à des réformes urgentes, nécessaires depuis 2013, notamment la restructuration des entreprises publiques, la rationalisation des subventions.
Les secteurs vitaux en péril
Pour sa part, l’économiste Moez Soussi a déclaré à “TuniBusiness” que les dettes ne sont pas investies mais sont utilisées principalement pour rembourser d’autres dettes. Cela a un impact négatif sur des secteurs vitaux tels que le phosphate et l’énergie, qui nécessitent des investissements urgents.
Soussi a souligné que la capacité de l’État à soutenir ces secteurs est actuellement limitée par l’endettement. Il a noté que les exportations de phosphate en Tunisie ont chuté de 23 % au premier trimestre de cette année, malgré des prix mondiaux élevés et encourageants.
Appel aux réformes structurelles
Dans ce contexte, l’Institut Arabe des Chefs d’Entreprises a souligné l’importance d’accélérer la mise en œuvre des réformes structurelles pour stimuler la croissance économique, une priorité nationale.
La Banque mondiale a également insisté sur la nécessité de réformes structurelles décisives et d’une amélioration du climat des affaires pour que l’économie tunisienne puisse emprunter une trajectoire de croissance plus durable, créer des emplois pour la jeunesse tunisienne croissante, et mieux gérer la dette publique, selon un rapport récent.
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