L’impact des projets de l’hydrogène vert en Tunisie : une analyse par Leila Riahi

Le 12 juillet 2024, dans une interview exclusive accordée au site “TuniBusiness”, la chercheuse et professeure universitaire Leila Riahi a partagé ses réflexions sur les nouvelles stratégies énergétiques de l’Union Européenne et leurs répercussions potentielles sur la Tunisie.

Suite à la crise énergétique provoquée par le conflit entre la Russie et l’Ukraine, l’UE envisage de se tourner vers l’Afrique du Nord pour exploiter les énergies renouvelables et les convertir en hydrogène vert.

Selon Riahi, cette stratégie vise à compenser le manque d’approvisionnement énergétique que subit l’Europe depuis le début de la guerre.

Cependant, elle avertit que l’engagement de la Tunisie dans ce projet, marqué par la signature de plusieurs accords pour exporter de l’hydrogène vert vers l’Europe, pourrait engendrer des pertes significatives pour le pays.

L’une des principales préoccupations soulevées par Riahi concerne l’utilisation des terres dans les régions centrales et méridionales de la Tunisie pour ces projets d’énergie renouvelable.

Elle souligne que ces terres, initialement destinées à l’agriculture, seront désormais consacrées à la production d’hydrogène vert, une décision facilitée par une modification législative permettant de contourner le changement de vocation des terres de agricoles à industrielles.

Outre l’impact sur l’agriculture, Riahi pointe du doigt le coût élevé en eau de la production d’hydrogène vert. Dans un pays déjà confronté à une pénurie d’eau, avec des interruptions fréquentes et des problèmes de distribution, cette nouvelle demande pourrait aggraver la situation.

Elle met également en lumière les défis liés au stockage de l’hydrogène, qui consomme énormément de ressources en eau et entraîne des coûts environnementaux et financiers élevés.

Enfin, Riahi rappelle que la Tunisie devra supporter les coûts de construction, d’exploitation et de remboursement des prêts associés à ces projets, en plus des risques inhérents aux investissements.

Ces éléments, selon elle, doivent être soigneusement considérés pour évaluer la réelle viabilité et les bénéfices de l’engagement du pays dans la production d’hydrogène vert.

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