Le secteur de l’énergie en Tunisie est confronté à des défis et des choix difficiles pour répondre à ses besoins dans un contexte de pénurie croissante due à l’augmentation de la demande et à la limitation de la production.
Le déficit énergétique
La production d’électricité en Tunisie dépend encore largement du gaz naturel, qui contribue à environ 95 %, selon l’Observatoire national de l’énergie et des mines. Cette augmentation de la demande en électricité, associée aux changements climatiques, va-t-elle entraîner une augmentation des importations de gaz en provenance d’Algérie et de Libye ?
Face à l’aggravation de la demande en énergie et à l’augmentation du rythme de la consommation nationale, la Tunisie est confrontée à un déficit énergétique de 1,2 million de tonnes équivalent pétrole à fin mars 2024. Le solde commercial énergétique a enregistré pendant la même période un déficit de 3025 millions de dinars, en hausse de 9 % par rapport à la même période de 2023.
En revanche, les ressources nationales en énergie primaire (production et importation de gaz algérien) ont atteint 0,9 million de tonnes équivalent pétrole à fin mars 2024, en baisse de 13 % par rapport à la même période de 2023, principalement en raison de la baisse de la production nationale de pétrole et de gaz naturel, selon les données de l’Observatoire national de l’énergie et des mines.
Les exportations ont enregistré une hausse de 17 % en valeur à fin mars 2024, accompagnée d’une augmentation des importations de 10 % par rapport à fin mars 2023, notamment en ce qui concerne les importations de pétrole brut.
La publication mensuelle sur la situation énergétique de mars 2024
Electricity production decline
La publication mensuelle sur la situation énergétique en mars 2024 a montré une baisse de la production d’électricité. Selon le bulletin intitulé “Situation énergétique en mars 2024” de l’Observatoire national de l’énergie et des mines relevant du ministère de l’Industrie et de l’Énergie, la production d’électricité à fin mars 2024 a diminué de 5 % par rapport à fin mars 2023, pour atteindre environ 4175 gigawattheures. De même, la production destinée à la consommation locale a diminué de 2 % au cours de la même période.
La Tunisie dépend largement du gaz naturel pour la production d’électricité, estimant sa contribution à environ 95 %, avec une demande de gaz naturel atteignant 1,04 million de tonnes équivalent pétrole à fin mars 2024, enregistrant ainsi une baisse de 11 % par rapport à mars de l’année précédente.
Dans le même contexte, la demande de cette substance pour la production d’électricité a diminué de 11 % en raison de la disponibilité limitée de gaz, la part de la demande pour la production d’électricité étant d’environ 62 %.
Bulletin mensuel de la situation énergétique de mars 2024
Compenser le déficit par l’importation
Dans un contexte de disponibilité limitée de gaz naturel et de diminution des approvisionnements et des ressources, et avec une demande croissante en électricité, notamment pendant l’été en raison de l’augmentation des températures et des coupures de courant fréquentes, le gouvernement tunisien cherche à couvrir le déficit en important principalement de l’électricité d’Algérie et de Libye.
En termes de sécurisation des approvisionnements, les importations d’électricité d’Algérie et de Libye ont augmenté, contribuant à couvrir 15 % des besoins nationaux en électricité, selon le bulletin mentionné précédemment.
Le gouvernement tunisien a eu recours à l’importation directe d’électricité pour répondre à la demande croissante de gaz naturel et à la pénurie enregistrée dans sa production. La production a diminué de 31 % au cours des trois premiers mois de 2024, atteignant environ 0,3 million de tonnes équivalent pétrole, contre 0,4 million de tonnes équivalent pétrole à fin mars 2023.
Cette baisse est principalement due à la diminution continue de la production des principaux champs et à l’arrêt de la production au champ de Nawara du 19 février au 7 mars 2024, pour des opérations de maintenance programmées.
De plus, l’interconnexion électrique existante entre la Tunisie, l’Algérie et la Libye permet l’échange d’énergie électrique, notamment pendant les périodes de pointe, car ces périodes varient entre ces trois pays. Cette disposition temporaire a permis de réduire le besoin d’investissement dans des capacités de production supplémentaires, selon le ministère de l’Industrie, de l’Énergie et des Mines.
La Ministère de l’Industrie, de l’Énergie et des Mines
Le projet de connexion électrique avec l’Italie… pourrait-il être la solution ?
La Ministère de l’Industrie, de l’Énergie et des Mines a récemment approuvé le projet de connexion électrique entre l’Italie et la Tunisie, qui sera réalisé par les entreprises Terna et STEG, ainsi que la Société Tunisienne de l’Électricité et du Gaz, avec le financement de l’Union européenne et de la Banque mondiale.
Ce projet permettra la construction d’un câble sous-marin entre la Tunisie et l’Italie, permettant l’échange d’électricité entre les deux rives de la mer Méditerranée dans les deux sens, avec une capacité pouvant atteindre 600 mégawatts, jusqu’à une profondeur maximale d’environ 800 mètres le long du détroit de Sicile.
Les investissements totaux dans la ligne électrique s’élèvent à environ 850 millions d’euros, selon l’agence de presse italienne “Nova”, et sa longueur totale sera d’environ 220 kilomètres.
Le projet devrait être opérationnel d’ici 2028, ce qui renforcera l’approvisionnement énergétique en Tunisie en permettant l’accès aux approvisionnements européens pendant les périodes de pointe de la demande.
La Tunisie compte beaucoup sur ce projet pour diversifier ses sources d’électricité et faire face à la demande croissante, notamment pendant l’été, lorsque la consommation nationale atteint son pic en raison des températures élevées.
Le Banque mondiale
Le document évoque les défis énergétiques auxquels la Tunisie est confrontée, notamment la nécessité de diversifier ses sources d’énergie et de réduire sa dépendance aux importations de pétrole et de gaz, ce qui a entraîné un déficit commercial énergétique. Il souligne également que la Tunisie dispose de ressources importantes en énergies renouvelables, qui pourraient non seulement répondre à ses besoins énergétiques, mais aussi en faire un centre de production et d’exportation d’énergie durable. La question posée est de savoir si la Tunisie accélère sa transition vers les énergies renouvelables et durables.
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