Le Niger, confronté à une crise financière sans précédent, a manqué un paiement crucial de 13,4 milliards de francs CFA (environ 22 millions de dollars) la semaine dernière, portant le total des défauts de paiement à près de 519 millions de dollars depuis le coup d’État survenu en juillet dernier. Cette situation, exacerbée par la suspension du pays des marchés financiers régionaux, soulève de sérieuses inquiétudes quant à la stabilité économique non seulement du Niger mais aussi de toute la région de l’Afrique de l’Ouest.
Selon un communiqué de l’agence de gestion de la dette de l’Union monétaire ouest-africaine (UMOA), le Niger n’a pas pu rembourser le principal dû le 16 février dernier, mettant ainsi en péril ses relations avec les créanciers et sa crédibilité financière internationale. Cette situation a conduit l’agence de notation Moody’s à émettre un rapport mettant en lumière les risques significatifs pour la qualité des actifs, la rentabilité et le capital des banques de la région, qui détiennent une part importante de la dette nigérienne.
Parmi les acteurs touchés par ce défaut de paiement figurent plusieurs grandes institutions financières régionales telles qu’Ecobank Transnational, Oragroup, Attijariwafa Bank, Groupe Banque Centrale Populaire (GBP) et Bank of Africa (BOA). Les banques locales, dont les avoirs sont exposés à hauteur de 14% de leurs actifs (soit 543 millions de dollars), sont également confrontées à une pression financière croissante.
Cette crise de paiement est une première en quarante ans pour le Niger, un pays dont la dette publique s’élève à environ 8 milliards de dollars et qui dépend fortement de l’aide internationale pour maintenir son économie à flot. Avec des obligations de remboursement s’élevant à près de 800 millions de dollars au cours des trois prochaines années, le pays se retrouve dans une impasse financière difficile à résoudre sans un soutien financier supplémentaire.
Les conséquences de cette crise dépassent largement les frontières du Niger. Les programmes de partenariat technique et financier avec les institutions internationales ont été suspendus, exacerbant ainsi les tensions sociales et posant un risque de sécurité pour toute la région, y compris l’Afrique du Nord. Dans ce contexte, il devient impératif pour les dirigeants régionaux et internationaux de trouver des solutions durables pour éviter une escalade de la crise et préserver la stabilité économique et sociale de la région.