L’incident de l’irruption au siège de la Maison de l’avocat a suscité une grande controverse et indignation en Tunisie et à l’étranger.
La première fois, il était lié à l’exécution d’un mandat d’arrêt contre l’avocate Sonia Dahmani pour des déclarations médiatiques, et la seconde fois à l’arrestation de l’avocat Mehdi Zagrouba, en plus de l’arrestation des journalistes Borhen Bsaies et Mourad Zeghidi.
Dans ce contexte, l’Union européenne a appelé les autorités tunisiennes, dans un communiqué publié mardi 14 mai 2024, à fournir des explications sur les raisons de “la campagne d’arrestations accompagnant de nombreuses personnalités de la société civile tunisienne, des journalistes et des militants politiques”, exprimant sa préoccupation face aux récents développements en Tunisie.
L’Union européenne, par la voix de la porte-parole de la politique étrangère et de sécurité, Nabila Massrali, a souligné dans un communiqué publié sur le site “X” que “la liberté d’expression, la liberté d’association, ainsi que l’indépendance de la justice, sont des questions garanties par la Constitution tunisienne et constituent la base de son partenariat avec la Tunisie”.
De son côté, le ministère français des Affaires étrangères a exprimé, dans un communiqué publié mardi, son inquiétude concernant l’arrestation de l’avocate et journaliste Sonia Dahmani, ainsi que d’autres arrestations de journalistes et de membres d’associations en Tunisie.
Le ministère français des Affaires étrangères a souligné que “la liberté d’expression et la liberté d’association, tout comme l’indépendance de la justice et le droit à la défense, sont des principes garantis par la Constitution tunisienne, ainsi que par les conventions des Nations unies auxquelles la Tunisie et la France sont parties”.
Dans une déclaration, les États-Unis ont condamné fermement les récentes arrestations de avocats et militants de la société civile en Tunisie, considérant que “les pratiques des autorités tunisiennes vont à l’encontre des libertés garanties par la Constitution”.
Le porte-parole du département d’État américain, Ned Price, a déclaré, cité par l’agence AFP, “Nous sommes directement engagés avec le gouvernement tunisien à tous les niveaux pour soutenir les droits de l’homme, y compris la liberté d’expression”.
Il a ajouté : “Ces pratiques ne sont pas conformes à ce que nous considérons comme des droits universels expressément garantis par la Constitution tunisienne”.
L’Observatoire euro-méditerranéen des droits de l’homme a condamné “la montée des arrestations menées par les forces de sécurité tunisiennes contre les défenseurs des droits de l’homme, dont des avocats, des journalistes et des militants politiques, à la suite de déclarations et de critiques sur la performance des autorités officielles et leur gestion des politiques publiques”.
L’Observatoire a qualifié l’incident de l’invasion du bureau d’avocats de “précédent grave qui ne s’était pas produit même sous le régime deZine el-Abidine Ben Ali, connu pour sa forte répression des droits et des libertés”.
Dans ce contexte, l’Observatoire Euro-Méditerranéen estime que “la campagne croissante de répression en Tunisie s’inscrit dans le cadre d’une politique systématique visant à saper les droits et les libertés, en particulier en ce qui concerne le droit à la liberté d’opinion, d’expression et de réunion pacifique”.
L’observatoire a appelé les autorités tunisiennes à “respecter la Constitution tunisienne et les obligations internationales en cessant leurs violations continues des droits de l’homme dans le pays, en mettant fin à la répression des militants et des défenseurs des droits de l’homme, et en punissant les fonctionnaires impliqués dans ces violations”.