L’un des principaux enjeux du dossier des migrants irréguliers en Tunisie concerne leur état de santé et les difficultés auxquelles ils sont confrontés dans ce domaine.
Lors d’une interview accordée au site Tunibusiness, Ramadan Ben Omar, porte-parole du Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux (FTDES), a affirmé que le parcours migratoire éprouvant des migrants est la principale cause de leur arrivée en Tunisie avec des problèmes de santé, en l’absence de soins médicaux adéquats.
Un parcours migratoire éprouvant
“Les migrants viennent de régions éloignées de la Tunisie, parcourant des milliers de kilomètres à travers des climats variés et des zones difficiles, notamment le Sahara, où ils rencontrent des problèmes liés à la nutrition et à la disponibilité de l’eau”, explique Ben Omar.
Il souligne que les groupes les plus vulnérables face à ces conditions climatiques extrêmes sont les femmes enceintes, les femmes en post-partum et les enfants, en raison du manque de vaccins et de suivi médical intensif dont ils ont besoin.
En général, les migrants font face à des risques de déshydratation, de maladies virales et de maladies de la peau en raison du manque d’eau, surtout en été, tandis qu’ils sont exposés aux maladies respiratoires en hiver en raison des conditions climatiques froides.
Ben Omar précise que les épidémies dont souffrent les migrants sont causées par les difficultés du parcours migratoire et “ne sont pas importées de leurs pays d’origine comme beaucoup le pensent”.
L’état choisit d’isoler les migrants
En Tunisie, Ben Omar estime que les migrants sont souvent contraints de vivre dans des conditions extrêmement difficiles en raison du manque de ressources ou de la difficulté à trouver un logement.
Certains finissent par se retrouver sans abri dans des oliveraies, exposés aux intempéries, que ce soit en hiver ou en été.
Ces conditions les rendent également vulnérables à de nombreuses maladies, notamment virales, qui nécessitent un suivi médical inexistant dans le contexte politique actuel en Tunisie, selon lui.
“Les migrants ne peuvent pas accéder aux hôpitaux publics tunisiens, et les organisations de la société civile ne peuvent pas travailler librement dans ces zones”, explique Ben Omar.
Il souligne que l’isolement des migrants de la société tunisienne, sans aucune surveillance ou suivi, est ce qui pourrait créer des maladies.
“Si ces migrants avaient accès aux établissements de santé publics ou privés, ils pourraient recevoir les examens, les vaccins et les traitements nécessaires, évitant ainsi tout risque sanitaire”, selon le porte-parole du FTDES.
L’intervention de l’OMS dépend de la volonté de l’État
Concernant l’intervention de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), Ben Omar indique que l’État a choisi d’isoler les migrants et de les déplacer dans des oliveraies, tout en ne permettant pas aux organisations de la société civile et internationales de travailler librement et de fournir des services adéquats.
Il considère que les services actuellement offerts aux migrants, en particulier ceux en situation de vulnérabilité, sont presque inexistants, “à l’exception de quelques visites d’urgence assurées par des équipes du Croissant-Rouge, mais ces efforts restent insuffisants”.
“Le tort revient à l’État, car il aurait été possible de transférer ces migrants vers des espaces ouverts et sécurisés où des organisations spécialisées dans le domaine de la santé pourraient intervenir”, souligne Ben Omar.
Il insiste sur le fait que l’intervention de l’OMS dépend de la volonté de l’État, “mais il est clair que son objectif principal est d’isoler les migrants dans ces endroits et de les pousser à accepter un retour volontaire dans leurs pays”.
Commentaires
commentaires