Réforme du code de la Banque Centrale : un risque pour l’économie tunisienne ?

Le spécialiste en économie, Redha Chakandali, a exprimé le samedi 19 octobre 2024, ses préoccupations concernant l’article 25 du projet de loi modifiant le statut de la Banque centrale.

Selon lui, cet article compromet l’indépendance de la Banque centrale et incite le gouvernement à accroître ses dépenses de consommation, ce qui, selon ses dires, “n’est pas bénéfique pour l’économie tunisienne”.

Dans un post Facebook, Chakandali a souligné que l’article 25, considéré comme crucial, prévoit le financement automatique du service de la dette en devises étrangères à l’aide des réserves de devises de la Banque centrale, sans recours à de nouveaux emprunts, à condition que ces réserves couvrent au moins 90 jours d’importations.

Il a averti des risques de cette disposition, qui pourrait pousser l’État à privilégier le remboursement de sa dette au détriment des besoins économiques essentiels tels que l’alimentation, les médicaments et les matières premières nécessaires à la production.

Cette situation s’est déjà soldée par une contraction économique de 0,4 % en 2023 et de 0,6 % en début d’année.

Chakandali a mis en garde contre l’adoption de cet article, affirmant qu’il sape l’indépendance de la Banque centrale et incite le gouvernement à augmenter ses dépenses de consommation, ce qui n’est pas favorable à l’économie.

Il a également critiqué l’article 10, qui oblige la Banque centrale à répondre aux besoins de liquidité des banques en achetant des obligations d’État, limitant ainsi ses options de financement.

Le projet de loi, proposé par plusieurs députés, suggère des modifications à 11 articles du statut de la Banque centrale et introduit trois nouveaux articles.

Chakandali a noté que sur les 11 articles en discussion, sept ne contiennent pas de changements substantiels, mais trois articles (9, 18 et 43) requièrent désormais l’accord du gouvernement ou du Président de la République, après consultation de la commission des finances.

Enfin, le projet de loi, déjà transmis à la commission des finances et du budget par le Parlement, propose de retirer à la Banque centrale son pouvoir exclusif de modifier les taux d’intérêt et la politique de change, et l’oblige à agir en accord avec le gouvernement.

Cela inclut l’achat d’obligations d’État ou le financement direct du Trésor, selon Reuters.

Le président tunisien, Kaïs Saïed, s’était déjà opposé à l’indépendance de la Banque centrale, estimant qu’elle devrait prêter directement à l’État pour éviter les bénéfices excessifs des banques.

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