Le 12 septembre, à 20 heures, le Président sénégalais Bassirou Diomaye Faye a annoncé, lors d’une allocution télévisée, la dissolution de l’Assemblée nationale et la tenue d’élections législatives anticipées le 17 novembre.
« Je dissous l’Assemblée nationale pour demander au peuple souverain les moyens institutionnels qui me permettront de donner corps à la transformation systémique que je leur ai promise », a-t-il déclaré.
Cette annonce, bien que prévisible, fait suite à un rappel du Conseil constitutionnel en août, selon lequel la dissolution de l’Assemblée nationale pouvait légalement être prononcée à partir du 12 septembre, soit deux ans après le début de la quatorzième législature.
Bassirou Diomaye Faye, élu en mars avec 54 % des voix, n’a pas réussi à obtenir une majorité parlementaire, le Parlement étant encore dominé par les fidèles de l’ancien président Macky Sall.
Son parti, le Pastef, ne comptait que 23 députés sur 165, et une quarantaine en incluant ses alliés de la coalition Yewwi Askan Wi.
Ces dernières semaines, les divergences entre le Pouvoir et l’opposition ont paralysé l’action gouvernementale.
Fin juin, les députés de la coalition Benno Bokk Yakaar (BBY), soutenant Macky Sall, avaient boycotté le débat d’orientation budgétaire, provoquant son annulation.
La proposition de supprimer le Haut Conseil des collectivités territoriales et le Conseil économique, social et environnemental a également été rejetée par l’opposition.
Le Premier ministre Ousmane Sonko, leader du Pastef, a fait face à plusieurs menaces de motion de censure.
Sa déclaration de politique générale, prévue pour le 13 septembre, a été annulée suite à la dissolution de l’Assemblée.
Cette décision est perçue comme une manœuvre pour éviter une motion de censure et protéger le Premier ministre.
Les députés conservent leur statut jusqu’aux prochaines élections, mais ne peuvent plus se réunir. La dissolution est vue comme une opportunité pour le Pastef de faire adopter près de 80 projets de lois en attente.
PremierPour le Pastef, cette élection est cruciale.
« Si nous ne gagnons pas la majorité, la suite du mandat risque de se compliquer », souligne Alassane Ndao, enseignant-chercheur à l’université Gaston-Berger de Saint-Louis.
Le premier ministre Ousmane Sonko devrait être investi tête de liste au niveau national pour les élections.
L’opposition, affaiblie depuis la dernière présidentielle, tente de se réorganiser. L’ancien président Macky Sall a dissous la coalition BBY et son ancien Premier ministre Amadou Ba a créé son propre parti.
Adji Mergane Kanouté, vice-présidente du groupe parlementaire dissous BBY, estime que la coalition doit être réinventée et élargie à d’autres forces politiques et citoyennes pour espérer obtenir une majorité ou imposer une cohabitation.