Tchad : l’officialisation de la victoire du général Déby confirmée

Le général Mahamat Idriss Déby Itno, à la tête de la junte depuis trois ans, a été formellement proclamé président du Tchad par le Conseil constitutionnel jeudi, après le rejet du recours de Succès Masra, le Premier ministre, qui revendiquait la victoire.

Cette élection, dont le résultat semblait certain pour de nombreux analystes, clôture une période de transition militaire initiée le 20 avril 2021, date à laquelle Mahamat Déby avait été nommé chef de l’État suite au décès de son père.

Idriss Déby Itno avait été tué par des insurgés alors qu’il se dirigeait vers le front, après avoir dirigé ce pays sahélien, un des plus démunis au monde, pendant 30 ans d’une main de fer. Il a remporté l’élection avec 61% des suffrages lors du vote du 6 mai, comme l’a annoncé Jean-Bernard Padaré, président du Conseil constitutionnel. M. Masra, âgé de 40 ans tout comme Mahamat Déby et autrefois l’un de ses plus virulents adversaires avant de devenir son Premier ministre il y a quatre mois, est second avec 18,54% des voix.

Le parti Les Transformateurs dirigé par M. Masra avait dénoncé le vote comme une “mascarade” et avait demandé l’annulation de l’élection devant le Conseil constitutionnel. Albert Pahimi Padacké, un ancien premier ministre, a obtenu 16,93% des voix, tandis que huit autres candidats n’ont récolté que peu de soutien. Ces résultats définitifs, affichant un taux de participation de 75,78%, sont en adéquation avec les résultats provisoires annoncés le 9 mai.

Alors qu’il affirmait avoir gagné quelques heures avant l’annonce des résultats provisoires, Masra avait exhorté les citoyens tchadiens à “ne pas laisser voler leur victoire” en se “mobilisant de manière pacifique, mais ferme”. Cependant, il est resté pratiquement sans réaction et invisible depuis l’annonce des résultats provisoires.

La question de son maintien au poste de Premier ministre se pose désormais.

L’opposition avait critiqué Masra, le traitant de “traître” après son “accord de réconciliation” avec le général Déby, qui l’avait nommé Premier ministre le 1er janvier. L’opposition, qui avait appelé à un boycott face à un vote jugé joué d’avance destiné à “perpétuer la dynastie Déby”, avait aussi accusé Masra de participer pour donner un “vernissage démocratique” à l’élection et de continuer son association au pouvoir avec le jeune général.

Pourtant, l’économiste Masra a créé la surprise en rassemblant de vastes foules pendant sa campagne, se montrant confiant dans sa capacité à gagner ou, sinon, à forcer M. Déby à un deuxième tour.

La répression de l’opposition

Si les partisans de Masra venaient à contester son élection par des manifestations, cela pourrait conduire à des affrontements meurtriers, considérant que toute protestation de l’opposition est systématiquement réprimée dans ce pays, marqué depuis son indépendance de la France en 1960, par des coups d’État, des régimes autoritaires et de fréquentes rébellions.

Mahamat Déby avait été rapidement soutenu par la communauté internationale, notamment la France, dès son avènement en 2021, même là où d’autres putschistes étaient condamnés ailleurs en Afrique.

La France maintient toujours environ un millier de militaires au Tchad, jugé essentiel pour la lutte anti-jihadiste au Sahel, après que les forces françaises ont été expulsées du Mali, du Burkina Faso et du Niger.

Beaucoup prévoyaient que son élection serait une formalité, à l’instar de celle de son père, élu à six reprises suite à son coup d’État en 1990.

Avant le scrutin, des inquiétudes avaient été exprimées par l’opposition et des ONG internationales, dont la Fédération Internationale des Droits Humains (FIDH), concernant la crédibilité et la liberté de l’élection, réalisée dans un environnement marqué par des violations des droits de l’homme.

La junte a sévèrement réprimé tout opposant, quelquefois de manière sanglante, en éliminant les concurrents les plus menaçants pour le général Déby.

Deux mois avant le vote, Yaya Dillo, cousin et principal adversaire de Déby, était abattu par des militaires lors d’un assaut contre son parti, tué “d’une balle à bout portant dans la tête”, selon sa formation politique. Les ONG internationales réclament toujours, sans succès, une enquête indépendante sur sa mort.

Le jour de l’élection, au moins 76 militants du parti Les Transformateurs de M. Masra avaient été arrêtés et demeurent incarcérés, poursuivis entre autres pour “faux et usage de faux”, selon le parquet de N’Djamena les accusant d’avoir usurpé le statut de délégués de leur parti dans des bureaux de vote.

Via AFP
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