Malgré les récentes précipitations observées à la fin du mois d’août et au début de septembre 2024, la situation hydrique en Tunisie demeure préoccupante.
Si ces pluies ont été bénéfiques pour les cultures agricoles, elles n’ont pas suffi à améliorer de manière significative le taux de remplissage des barrages, qui reste alarmant dans plusieurs régions du pays.
Des précipitations inégales
Les récentes pluies ont été réparties de manière inégale à travers le pays, avec des quantités plus importantes enregistrées dans certaines délégations.
Selon Safa Slama, cheffe du service des ressources hydrauliques au Commissariat de développement agricole de Siliana, les délégations de Kesra, Sidi Bourouis, Makther, et Rouhia ont reçu respectivement 49 mm, 38 mm et 30 mm de pluie en août.
En septembre, les précipitations les plus élevées ont été enregistrées à El Krib (41 mm), Gaâfour (28 mm) et Laroussa (25 mm).
Bien que ces précipitations aient aidé à améliorer temporairement les conditions agricoles, elles n’ont pas permis de remplir suffisamment les barrages, dont le taux de remplissage reste très bas.
Des barrages toujours en sous-capacité
Les principaux barrages de la région de Siliana continuent d’afficher des taux de remplissage très bas, révélant la gravité de la situation :
Barrages | Taux de remplissage | Capacité totale |
---|---|---|
Barrage de Siliana | 17 % | 29 millions m³ |
Barrage Ermil | 21 % | 1,8 million m³ |
Barrage Lakhmes | 2,2 % | 6 millions m³ |
Ces faibles niveaux de remplissage montrent l’insuffisance des précipitations pour combler les déficits en eau dans ces barrages, malgré des précipitations notables dans certaines régions.
Appel à l’état d’urgence hydrique
Face à cette situation critique, l’Observatoire tunisien de l’eau a récemment appelé les autorités à décréter un état d’urgence hydrique. L’organisation insiste sur la nécessité de mobiliser des ressources financières pour soutenir les personnes touchées par cette crise, notamment les petits agriculteurs, durement affectés par la rareté de l’eau.
En parallèle, l’Observatoire critique les mesures de rationnement d’eau mises en place par le gouvernement, estimant qu’elles ne sont pas accompagnées de réformes structurelles suffisantes dans la gestion des ressources hydriques.
Il appelle les autorités à clarifier leurs décisions et à respecter les horaires de coupure d’eau déjà annoncés dans le cadre du système de quotas.
La sécheresse continue de sévir
Cette situation alarmante n’est pas nouvelle pour la Tunisie, qui fait face à une sécheresse persistante depuis maintenant cinq ans. Des études montrent que la pluviométrie a considérablement diminué, aggravant la crise de l’eau dans le pays.
Les réserves d’eau, aussi bien pour l’approvisionnement en eau potable que pour l’irrigation agricole, sont de plus en plus limitées.
Pour remédier à cette crise, le gouvernement a annoncé que l’une de ses priorités dans les mois à venir est de rationaliser la consommation d’eau dans tous les secteurs et de recourir à des ressources non traditionnelles telles que le dessalement de l’eau de mer et la réutilisation des eaux usées traitées.
En mars 2023, des mesures drastiques avaient déjà été prises, incluant des coupures nocturnes d’eau dans plusieurs régions et des restrictions concernant l’utilisation de l’eau pour l’irrigation, les espaces verts, et même le lavage des voitures.
Un avenir incertain
La persistance de la sécheresse en Tunisie, couplée à un faible taux de remplissage des barrages, présente des défis majeurs pour l’avenir de la gestion de l’eau dans le pays.
Alors que les appels à l’action se multiplient, les autorités sont désormais sous pression pour mettre en place des mesures proactives afin de prévenir une crise encore plus grave dans les mois à venir.
Commentaires
commentaires