Depuis plusieurs années, l’Afrique est devenue un terrain stratégique pour les grandes puissances mondiales. Alors que la Chine et la Russie renforcent progressivement leur présence sur le continent, les États-Unis peinent à maintenir leur influence.
Un récent avertissement lancé par un haut responsable américain révèle les faiblesses de Washington face à cette compétition géopolitique acharnée.
La Chine et la Russie : des acteurs incontournables en Afrique
La Chine, désormais premier investisseur en Afrique, ne cesse de multiplier les projets d’infrastructure, de prêts avantageux et de partenariats économiques avec les pays africains.
Lors du dernier Sommet de coopération sino-africain (FOCAC), Pékin a annoncé un engagement de 50 milliards de dollars pour financer des projets dans les domaines des technologies vertes, de la santé, de l’éducation et de l’agriculture. Ce soutien massif confère à la Chine une position stratégique en Afrique, notamment dans les secteurs vitaux pour l’avenir du continent.
De son côté, la Russie étend son influence militaire. Plusieurs pays africains, notamment dans la région du Sahel, ont renforcé leurs liens avec Moscou, se tournant vers des accords de défense pour lutter contre les insurrections djihadistes.
Le Mali, le Niger et la Centrafrique ont, par exemple, révoqué certains accords militaires avec des partenaires occidentaux pour se rapprocher de la Russie.
Ce virage géopolitique met à mal la présence historique de puissances occidentales comme la France et les États-Unis dans la région.
Les États-Unis en difficulté : un manque de ressources criant
Face à cette situation, Washington semble en retrait. Lors d’une récente audition devant la Commission des affaires étrangères de la Chambre des représentants, le sous-secrétaire américain aux Affaires politiques, John Bass, a mis en lumière les défis auxquels les États-Unis sont confrontés sur le continent africain.
Il a souligné que le département d’État américain ne disposait ni du financement ni du personnel nécessaire pour répondre pleinement aux opportunités et aux défis que présente l’Afrique.
« Nous ne disposons pas de ressources suffisantes pour capitaliser sur toutes les opportunités qui s’offrent à nous sur le continent », a déclaré Bass, pointant également du doigt un manque de personnel dans les ambassades américaines en Afrique. Ce manque de ressources affecte directement la capacité de Washington à concurrencer les efforts massifs de la Chine et de la Russie.
Une influence occidentale en déclin
Cette situation s’inscrit dans un contexte plus large de recul de l’influence occidentale en Afrique. L’Union européenne et les États-Unis ont, ces dernières années, intensifié leurs efforts pour renforcer leurs relations avec les pays africains, mais sans succès notable face à la montée en puissance des puissances non occidentales.
Le Sahel en est un exemple frappant, où des gouvernements militaires ont mis fin à des accords avec des partenaires occidentaux au profit de relations plus étroites avec Moscou.
De plus, les puissances occidentales sont souvent perçues comme imposant leurs valeurs politiques et économiques, ce qui crée des tensions avec certains dirigeants africains.
Adamu Garba II, ancien candidat à la présidence du Nigeria, a récemment déclaré qu’aucun Africain responsable n’abandonnerait des partenaires comme la Chine ou la Russie pour les intérêts occidentaux. Cette prise de position reflète une perception de plus en plus répandue sur le continent.
L’urgence d’une réponse américaine
Pour répondre à cette situation, des experts américains, tels que ceux de l’Institut américain pour la paix (USIP), ont recommandé à Washington de revoir sa stratégie. Parmi les propositions figurent des investissements plus stratégiques dans les chaînes d’approvisionnement en minéraux, un domaine où la Chine exerce déjà une domination importante en Afrique.
Il devient clair que si les États-Unis souhaitent regagner du terrain en Afrique, ils devront revoir en profondeur leur approche et augmenter significativement leurs ressources financières et humaines sur le continent.
Sans une intervention rapide, Washington risque de perdre encore davantage d’influence face à des puissances comme la Chine et la Russie, qui ne cessent de renforcer leurs liens avec les pays africains.
Que réserve l’avenir ?
La compétition pour l’influence en Afrique est loin d’être terminée, et elle pourrait s’intensifier dans les années à venir.
Pour l’instant, la Chine et la Russie semblent avoir une longueur d’avance, mais il reste à voir si Washington saura réagir de manière adéquate et trouver les moyens nécessaires pour défendre ses intérêts sur ce continent clé.